A.J. : Comment,
sous votre casquette de ministre de l’économie, analysez-vous la vigueur
de l’économie israélienne ?
N.B. : L’économie d’Israël est très forte. 50% de
l’export israélien provient du high-tech. Je pense qu’Israël prépare à un haut
degré ses enfants pour l’entreprenariat, pour l’initiative, pour la houtspa (audace-Ndlr) et pour penser de
manière créative. Dans la nouvelle économie l’ingrédient primordial est
l’entreprenariat, l’initiative, et il est plus important encore que
l’innovation technologique. Il y a des gens très intelligents dans toutes les
universités à travers le monde entier. Mais ce qui rend Israël unique ce ne
sont pas nos professeurs, qui seraient meilleurs que les autres. C’est la
nouvelle génération qui est très versatile, très adaptative, qui sait imbriquer
les choses les unes aux autres pour créer des start-up. Certaines échouent,
d’autres réussissent. J’ai échoué durant quelques années, et grâce à Dieu nous
avons fini par réussir (En effet Naftali Bennett et ses associés ont vendu
Cyotta, leur start-up spécialisée dans la lutte contre la fraude sur internet
pour 145 millions de dollars-Ndlr). Avant cela nous avons échoué à six
reprises, il ne faut jamais oublier les échecs.
Israël est à ce niveau car le niveau d’anglais est de très bonne qualité, tout comme l’enseignement de la physique et des mathématiques. De plus les Israéliens servent très jeunes à l’armée, et accèdent à d’importantes responsabilités très tôt, alors qu’ailleurs les jeunes étudiants ne pensent qu’à s’amuser avec des filles. Tout cela crée un environnant très riche, puissant, pour l'entreprenariat et l’initiative.
A.J. : Cet accès
à l’entreprenariat concerne toute la jeune population ? Combien on une
chance de tenter l’aventure du high-tech ?
N.B. : De plus en plus. Mais il est vrai qu’il reste
beaucoup à faire au niveau de l’éducation pour que tous puissent y accéder.
Mais si c’est ce qu’ils veulent, ils ont une chance honorable d’y parvenir.
L’entreprenariat, et pas seulement dans le high-tech, c’est la force d’Israël.
A.J. : En dehors
du High-tech justement, il existe dans les industries israéliennes de nombreux
monopoles qui paralysent l’émergence de nouveaux entrepreneurs, mais surtout
qui maintiennent des prix très élevés. Avant les dernières élections
législatives, vous en aviez fait un cheval de bataille. Où en êtes-vous ?
N.B. : Israël a malheureusement un héritage fait de
monopoles que nous devons détruire. Mais je vous rassure nous avons remporté
plusieurs batailles. Voici deux exemples : une seule entreprise produit du
ciment en Israël. J’ai demandé pourquoi. Et la réponse fut : et bien,
parce que ! Nous avons donc imposé une réforme, et obligé la création d’un
concurrent et depuis les prix baissent. Mais pas encore partout. Par exemple,
cela n’a pas encore impacté les prix de l’immobilier. Mais le gouvernement
travaille très dur à ce sujet. Nous avons seulement besoin de plus de maisons pour
que les prix baissent. Cela va prendre quelques années, mais nous y arriverons.
Autre exemple : depuis de nombreuses années existait
un cartel légal dans l’industrie alimentaire. Vous avez bien entendu :
légal ! Selon la loi, cela ne posait pas de problème. Nous avons changé la
loi en mai dernier. Dès mai 2015 ces industries ne pourront plus coordonner
leurs prix et se partager la distribution. Les prix du lait, du fromage, des
fruits des légumes et de la viande vont baisser. Et ce parce qu’il va y avoir enfin
plus de compétition.
A.J. : C’est un
combat difficile ?
N.B. : Oh oui ! Mais si je peux me permettre,
nous avons un très bon gouvernement aujourd’hui. Nous sommes critiqués comme
n’importe quel gouvernement dans le monde, mais je pense que Netanyahou, Lapid
et moi-même, prenons les bonnes décisions pour l’économie d’Israël.
Juste
un exemple : La semaine dernière j’ai approuvé le plus grand
investissement d’une compagnie étrangère de l’histoire d’Israël. Intel a pris
la décision d’investir 20 milliards de shekels pour construire une énorme usine
dans le sud du pays. Les produits les plus avancés technologiquement de la
firme y seront conçus. Et ce, ni en Amérique, ni en Irlande, mais en Israël.
Presque toutes les compagnies ont crée leur département de recherche et
développement en Israël : Google, Facebook, Microsoft, Intel… Mais nous
avons un problème : nous avons besoin de plus de talents. Nous avons
épuisé la plupart de nos ressources. Nous avons besoin de vous !