Default profile photo

21 Septembre 2023 | 6, Tishri 5784 | Mise à jour le 04/08/2020 à 22h39

Rubrique Culture/Télé

Mort de Roger Hanin: l'homme qui a fait entrer les Pieds Noirs dans le cinéma français

Roger Hanin alias Maurice Bittoun

L'acteur est décédé à l'âge de 89 ans. Retour sur une carrière qui aura vu l'acteur, né dans une famille juive algéroise, incarner les Pieds-Noirs et les sépharades au cinéma et la télévision, tout en nouant des relations intimes avec François Mitterrand.

Pour certains, il restera à jamais "Navarro", le commissaire qui régnait en maître sur TF1 dans les années 80 et 90. D'autres évoqueront ses participations mythiques au Coup de Sirocco (1979) ou au Grand Pardon (1979 puis 1992 pour la suite), deux rôles taillés sur mesure par le réalisateur Alexandre Arcady. Roger Hanin est mort à l'âge de 89 ans des suites d'une longue maladie. Né à Alger en 1925, il est le fils d'une famille juive modeste qui s'installera un peu plus tard à Bab El Oued. En 1987, Roger Hanin avait révélé à Actualité Juive des détails sur son histoire familiale. 

"Mon vrai nom, c'est Lévy. Mon père s'appelle JosephLévy. Ma mère Victorine Hanin. À l'origine, c'était Ben Hanine. C'est une filleAzoulay. Je suis 100 % kasher sur le plan génétique. Je suis fils de communiste etpetit-fils de rabbin. Je me sens très juif."


Les Pieds-Noirs et les sépharades entrent dans le 7e art

A partir du début des années 1980, Roger Hanon va contribuer à donner une existence cinématographique aux populations d'Afrique du Nord qui, contraints à l'exode, s'installent en France dans les années 1960 pour tenter d'y reconstruire une vie.
Le Coup de Sirocco
marquera l'entrée des Pieds-Noirs dans le cinéma populaire avec l'histoire de la famille Narboni posant ses valises à Marseille après le départ forcé d'Algérie.


Deux ans plus tard, sort dans les salles Le Grand Pardon, sur les rivalités entre la mafia juive sépharade, tenue de main de maître par Raymond Bettoun, et la pègre arabe. Inspiré de l'énorme succès du film américain Le Parrain de F.F. Coppola, on peut y voir également l'influence du parcours des frères Zemmour, le fameux clan "Z".


"Navarro, j'écoute"

Mais c'est probablement la série policière Navarro, démarrée en 1989, qui fera de lui une star du petit écran. Homme de poigne à l'humour généreux, Roger Hanin devient le "flic préféré des Français". La série sera diffusée jusqu'en 2007 sur TF1, faisant même l'objet de nombreuses parodies.




Les traces de l'antisémitisme de Vichy

Dans une interview accordée à Paris Match en 2007, à l'occasion de la sortie de son roman Loin de Kharkov, Roger Hanin était revenu sur un des épisodes douloureux de son enfance, l'instauration  en 1941 d'un numerus clausus pour les enfants juives dans les écoles d'Algérie par le régime de Vichy. 

"Si vous voulez dire que j'ai soif de reconnaissance, j'assume : c'est ma nature et ça tient à mes origines juives. Enfant et adolescent, à Alger, j'ai beaucoup souffert du racisme. Peu de la part des Arabes. Mais énormément des pieds-noirs. Avant-guerre, dans les lycées, on avait instauré une sorte de politique de quotas. Du jour au lendemain, on renvoyait les enfants juifs des lycées... Un jour, comme ça, on a fait l'appel et je me suis retrouvé dans la cour. Viré parce que juif ! Et si j'ai été réintégré, c'est uniquement parce que mon père était mutilé de guerre. Pas du tout parce que j'étais doué pour les études... Le sentiment d'injustice, ça laisse des traces..."


LIRE AUSSI: "Roger Hanin, François Mitterrand et les Juifs". 

Powered by Edreams Factory