Le scénario se passe à Suse. Le président de l’époque, c’est Françoishvérosh, successeur de Nicoladonosor. Comme Françoishvérosh a réussi sa réforme territoriale des 127 provinces de l’empire sans recourir au 49.3, il invite tout le peuple à une soirée open-bar qui ferait passer les fêtes de David Guetta à Ibiza pour un afterwork de fonctionnaires dans la Creuse. Les juifs, ne voulant pas se la jouer communautaire, font acte de présence. Et là, scandale. En plus du crédit d’un pot qu’il concède, Françoishvérosh ordonne que sa femme Vashtieweiler montre sa beauté aux sans-dents. Mais Vashtieweiler est une Femen, et suggère à Françoishvérosh d’aller plutôt se rhabiller. Vexé comme un pou, il convoque un Conseil des Ministres qui décide de la virer tellement manu (el valls) militari qu’elle n’a pas le temps de dire « Merci pour ce moment ».
Françoishvérosh passe ainsi en situation amoureuse « célibataire » sur Facebook. Célibattant, il oblige toutes les femmes de son empire à liker son profil sur AdopteUnPrésident. Elles le font toutes, sauf une juive, « Esther », en profil « caché » sur les conseils de son cousin Mardochée (longue histoire). Il faut l’intervention des Hamanymous pour sortir Esther de sa cachette. Elle se présente alors aux auditions de The Voice - sauf que là, c’est juste Françoishvérosh qui doit se retourner. Sa beauté touche tellement les tympans du président qu’il demande à Kenji et Amir de chanter en duo à leur mariage.
Le pauvre Mardochée est refoulé à l’entrée de la soirée quand le videur lui demande « Vous êtes juif ? ». Pire, Haman, le nouveau Premier ministre, le hait depuis qu’il ne l’a pas invité au dernier dîner du Crif. Il faut le comprendre, Mardochée. Haman est tout de même prix Nobel de l’antisémitisme, ce qui signifie que même Marek Harbonalter n’aurait pas voulu s’asseoir à côté de lui. Qui plus est, Haman a fait passer une loi sur les juifs qu’il a sobrement intitulée « le carnage pour tous », ce qui ne lui permet plus de négocier quand il achète ses costumes rue de Turenne. « Ecoute président, a-t-il dit à Françoishvérosh, le peuple juif est éparpillé façon puzzle dans ton empire, et ça, ça me fait criser grave. Laisse-moi donc le subprimer à coups de Djihad Joe. » Pas difficile à convaincre, le Françoishvérosh. Mardochée, branché en permanence sur Suse News, est donc très mal, d’autant qu’en off, Haman a confié au correspondant de Suse News à l’Assemblée impériale qu’il ferait volontiers pendre le juif Mardochée. « Je ne suis pas antisémite, mais antisioniste, et ce juif qui a un double-passeport, commence à me les courir sévère. » Mardochée fait alors le buzz au point qu’Esther le réprimande. « Cousin, calme-toi, lui dit-elle. Il y a Suse-Match qui harcèle Françoishvérosh à cause de ton affaire. Il est tellement tendu que je ne l’ai pas vu depuis un mois ! Organisons plutôt un rassemblement le 13 mars. »
Le président de l’époque, c’est Françoishvérosh, successeur de Nicoladonosor
Pour plaider la cause juive auprès de Françoishvérosh, elle prépare des citations bien senties de Levinas et ordonne à tous les juifs de faire une grève de la faim. Soyons clairs : le 13 mars, il pleut et le slogan « Am Israël Haï » n’existe pas encore ; le rassemblement des organisations juives est donc un fiasco. De son côté, Esther est en crise d’hypoglycémie quand elle va parler à Françoishvérosh. Comment les juifs n’ont-ils pas été exterminés, dans ce cas ?
« Je veux organiser un dîner presque parfait à la maison avec toi et Haman ! » hurle Esther à Françoishvérosh, qui est alors en pleine négocia-sieste. Françoishvérosh qui craignait qu’Esther ne lui demande la moitié de l’empire (les craintes présidentielles ne s’expliquent pas), accepte. Parce que diviser 127 provinces en deux, c’est un problème de chiffres après la virgule demandant l’invention de la calculatrice. Cette nuit-là, le Président ne dort pas. Pourquoi ? Il a une insomnie, arrêtez d’être indiscrets, voyons ! Un président a droit à sa vie privée, quand même ! Pour profiter de la popularité de Mardochée, il demande à ce qu’Haman le conduise à cheval sur les Champs-Elysées, ce qui provoque un embouteillage monstre à la Porte Maillot et met Haman en retard pour le dîner. « Tu aurais dû prendre ChevaLib, lui propose Françoishvérosh. » « Et tu aurais pu mettre une cravate, surenchérit Esther. » « Je vais régler ce problème : qu’on le pende », conclut Françoishvérosh. Moralité de l’histoire : la cravate est de rigueur dans les dîners très à cheval sur les principes. Quant au décret « Le carnage pour tous », il attend qu’une génération de juifs qui ne serait pas victime d’antisémitisme écrive un Pourim Shpil dessus.