Israël Finkelstein a commis un livre devenu best-seller international, et succès français en 2002 : « La Bible dévoilée, les nouvelles découvertes de l’archéologie ». Interviews en cascade, articles de presse, traductions en plusieurs langues, le succès est colossal. A tel point qu’un film documentaire de quatre heures a été tiré du livre. France 5 et Arte font le choix d'en donner plusieurs diffusions à des heures de grande audience, deux ans de suite, à l'occasion des fêtes de Noël. Il y a un an, il recevait le prix Delalande-Guérineau de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Autant dire que l’archéologue israélien de 65 ans, directeur de l'Institut d'archéologie de l'Université de Tel-Aviv, a connu la gloire, la vraie, et surtout la reconnaissance de ces travaux.
Au centre de ces travaux justement, une thèse a particulièrement plu au public : Israël Finkelstein s’est en effet attaqué au « mythe » du Royaume de David et Salomon. Selon lui, ce Royaume décrit comme puissant et influent est un mythe biblique. Si un tel royaume avait existé, l’archéologie aurait nécessairement trouvé les reste d’un Etat, c'est-à-dire les traces de bâtiments monumentaux (les fondations d’un palais par exemple) et des restes d’écritures. Un royaume nécessite de fait une administration forte, qui ne peut se passer de garder les nombreuses traces écrites des lois, arrêtés, décisions de justice, etc. Mais selon l’archéologue-star, aucune fouille n’a recelé les traces ni de l’un, ni de l’autre.
Le « mythe » du royaume de David et Salomon
Mais patatras ! Quelques années après ces déclarations fracassantes, de 2005 à 2010, la terre israélienne exhume quelques preuves matérielles contrariant ces affirmations sous les pioches des archéologues Saar Ganor et Yosef Garfinkel. Les restes archéologiques du site de Khirbet Qeiyafa s’avèrent être les traces de la ville juive biblique de Shaaraïm ou forteresse d'Elah qui délimitait le royaume de David de celui des Philistins, plusieurs fois évoquée dans la Bible. Dans le premier livre de Samuel (17:52), les Philistins s'enfuient par la route de Shaaraïm après que David eut tué Goliath. « Alors les hommes d'Israël et de Juda se levèrent, jetèrent des cris de joie, et poursuivirent les Philistins jusqu'à l'entrée de la vallée, et jusqu'aux portes d'Ékron ; et les Philistins blessés à mort tombèrent par le chemin de Shaaraïm, jusqu'à Gath, et jusqu'à Ékron ». La ville fortifiée, poste de garnison et poste frontière, délimite vraisemblablement le royaume de David. Deuxième élément de taille, un ostracon en hébreu ancien y a été découvert, la plus ancienne trace d’hébreu découverte à ce jour, datant de l’époque du roi David.
Restes matériels d’un pouvoir politique (forteresse défendant une frontière), preuve d’une administration organisée (écriture contemporaine de l’époque de David retrouvée dans cette forteresse), les écrits bibliques semblent bien rendre compte aussi d’une réalité historique.
Il manquait seulement les traces d’une ville fortifiée à Jérusalem pour établir son activité de capitale de royaume. La petite-fille de l’archéologue de l’université de Jérusalem Benjamin Mazar, Eilat Mazar, elle-même archéologue dans la même institution s’en est chargée. Fouillant autour de la cité de David jouxtant les murailles de la Vieille Ville, elle multiplie les découvertes. Notamment les traces d'un mur long de 70 mètres et haut de 6 mètres, datant du Xe siècle av. J.-C. qu'elle attribue au roi Salomon, vestige d’un immense bâtiment, envoyant durablement au tapis les affirmations de Finkelstein.