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26 Mars 2023 | 4, Nisan 5783 | Mise à jour le 04/08/2020 à 22h39

Rubrique Israël

Attentat à Raanana: « On ne savait pas quoi faire, aller chercher les enfants ou non ? »

Raanana, sur les lieux de l'attentat à une station de bus, mardi 13 octobre (Flash 90)

Ce mardi 13 octobre, à une heure d’intervalle, Raanana a été frappée en son cœur par deux attaques terroristes. Une franco-israélienne témoigne.

« On disait jusqu’à ce matin que c’était une petite ville tranquille. » L’émotion qui transparaît dans la voix de Jennifer S., installée en Israël depuis 3 ans, est celle des journées où l’angoisse s’est faite étouffante. Cette habitante de Raanana, mère de trois enfants, a comme tant d’autres été totalement prise au dépourvu par les attaques terroristes qui ont frappé sa ville ce mardi.

« On ne savait pas quoi faire : aller chercher les enfants ou non ? Seraient-ils plus en sécurité à l’école ? Ma fille aînée qui est au collège m’a appelée pour me demander de passer la prendre. Elle avait très peur. Certains parents ont choisi de chercher leurs enfants contre l’avis des chefs d’établissements. Mais tous nous ont compris. La directrice de l’école primaire de mes enfants m’a même prise dans ses bras les larmes aux yeux en me disant qu’elle savait ce que je ressentais mais que je ne devais pas oublier que j’étais en Israël et que j’étais protégée. »

 

Ce sentiment d’être protégée pour Jennifer S. est lié à la solidarité et à la réactivité des Israéliens.

« Ici, on est défendus. Depuis le début des attaques, pas un seul terroriste n’a réussi à s’échapper. Même sans la police, les passants viennent très vite. Ce matin, ce sont deux jeunes franco-israéliens qui ont maîtrisé le premier des terroristes. Parce que l’attaque a eu lieu juste en bas de la synagogue de Rabbi David Pinto. Les jeunes ont entendu des hurlements : en 45 secondes, ils étaient sur les lieux. »

 

« J’étais à cent mètres de l’endroit. Il y a eu un mouvement de panique. Des gens pleuraient, certaines femmes se sont senties mal. Depuis l’après-midi, on est calfeutrés chez nous par mesure de sécurité et surtout, on ne peut pas laisser les enfants sortir. »
 « J’ai connu la guerre l’été dernier. Mais la guerre, c’est moins angoissant que ce qu’il se passe aujourd’hui. C’est contrôlé, organisé. Tu rentres dans un abri et tu attends que ça passe. Tu as le Dôme de Fer. Là, on n’est pas tranquilles. Une attaque peut venir à n’importe quel moment de n’importe qui. »


« En 24h, tout a changé. Les terroristes ne sont pas que des Palestiniens. Ceux qui ont attaqué à Raanana travaillaient chez Bezeq et à la Poste. Ce sont des gens qui livrent notre courrier, qui rentrent chez nous pour installer le téléphone ! Avant aujourd’hui, on regardait les Arabes israéliens comme n’importe qui. Mais aujourd’hui, ils sentent eux-mêmes qu’il y a un malaise. Tout a changé. »

 

Désinformation

Au-delà de son témoignage, c’est l’impression d’être abandonnée par l’Europe qui affleure. « On ressent particulièrement la désinformation de France. Quand on regarde les informations sur les chaînes françaises, il y a un vrai malaise : quelque chose ne tourne pas rond. Ce qu’ils disent, ce n’est pas qu’il se passe réellement, ce n’est pas ce que nous vivons. » 

« On est inquiets des réactions en Europe, à travers les images qui sont montrées : comment les gens pourraient-ils prendre notre défense ? Ce n’est pas possible que le monde entier n’ouvre pas les yeux sur ce qu’il se passe. Cette désinformation, c’est même dangereux pour nos familles en France. A force, la haine contre les juifs est attisée. ».

Jusqu’à nouvel ordre, Jennifer S. gardera ses enfants chez elle. « Pour l’instant, je n’envoie pas mes enfants à école demain. On va appeler les écoles : tant qu’il y aura des agents d’entretien Arabes dans les écoles, on n’enverra pas nos enfants à l’école. Il peut y avoir des coups de folie d’Arabes israéliens : comment savoir ? Même nos enfants sont méfiants. » Preuve que c’est toute la société israélienne qui souffre d’être poignardée par la terreur.

Malgré tout, Jennifer S. refuse d’entendre parler d’un retour en France. « Pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs qu’en Israël. C’est un sentiment qu’on a tous ici. On remercie D’ieu chaque jour de pouvoir être là. Je suis bien là : on est chez nous ici. »

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