Quand Patricia Sitruk, la directrice-générale de l’OSE, a sollicité le Beth Loubavitch pour organiser une réunion d’information sur les démarches pour devenir famille d’accueil, son dirigeant, le rabbin Menahem Mendel Azimov, a immédiatement accepté. Pour André Touboul, de longue date aux prises avec les questions socio-éducatives en tant que directeur de Beth Haya Mouchka, le grand établissement scolaire du Beth Loubavitch, répondre favorablement à cette sollicitation permettait de pallier un besoin sensible, y compris dans les milieux orthodoxes. « Parce que dans ces milieux », explique-t-il, lorsqu’un enfant ou un adolescent fait l’objet d’une mesure de placement, la rupture familiale peut se doubler d’une rupture culturelle ».
Pour viatique dans ce domaine, le Beth Loubavitch peut s’appuyer sur une histoire bien connue de rabbi Shnéor Zalman, le fondateur de la dynastie Habad-Loubavitch. Le grand maître vivait dans la même maison, mais un étage au-dessus que son fils, lui-même marié et père de famille. Un jour, ce fils - de serait amené à lui succéder à la tête du mouvement - était à ce point plongé dans l’étude qu’il n’entendait pas que son enfant était en train de pleurer. C’est rabbi Shnéor Zalman qui est finalement descendu, qui s’est occupé de l’enfant, et l’a apaisé. Puis rabbi Shénor Zalman a dit à son fils : « Quand on étudie la Torah, on doit être capable d’entendre tous les enfants qui pleurent – même les enfants qui pleurent silencieusement ».
Un foyer affectueux
Au-delà de ce devoir, André Touboul a insisté sur une réalité toute simple : être assistant familial (c’est le nom légal des familles d’accueil), consiste à accueillir au sein de son foyer un enfant ou un adolescent pour entamer avec lui une cohabitation dont la raison d’être est le malheur et non l’affection. En suivant les termes du traité talmudique Baba Metsia, il n’est pas vain de dire que ces enfants sont « des fruits éparpillés » en pleine rue, au point que l’on ne sache plus s’ils ont été posés ou s’ils ont été purement et simplement abandonnés.
L’assistant familial est celui qui a pour tâche de les rassembler afin qu’ils puissent se retrouver un signe d’appartenance, et qui rappellera qu’ils ne sont pas laissés sur le bord du chemin. Parce qu’une famille d’accueil ne saurait être un lieu de fuite du réel, mais est d’abord une île au cœur du drame. C’est ce discours qui a été tenu à la trentaine de familles présentes à la réunion du mercredi 13 mai. David Benelbaz, dirigeant de Lev Layaled, une association Loubavitch qui travaille en bonne intelligence avec les foyers et les maisons d’enfants, a pu témoigner des efforts à fournir. Surtout, la directrice du placement familial à l’OSE, a présenté les modalités pour recevoir l’agrément du Conseil régional où la capacité à accueillir convenablement l’enfant ou l’adolescent faisant placé s’avère décisive.
Pour l’OSE, cette réunion s’inscrivait dans la volonté de mobiliser des familles d’accueil de toutes les origines. Les retombées sont à venir. « Une dizaine de familles sont candidates », précise André Touboul, « même si on ne sait pas combien iront au bout du processus d’agrément ». Mais d’envisager que « grâce à cette rencontre avec l’OSE, des problèmes humains extrêmement difficiles pourraient être dénoués ».
Des familles Loubavitch bientôt familles d’accueil ?
Par Jonathan Aleksandrowicz Le 31/05/2016 à 17h30 Rubrique Communauté

Le 13 mai dernier, l’OSE, le Beth Loubavitch et Lev Layeled organisaient une journée d’information sur la question des familles d’accueil.
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