« La mode dite ‘‘pudique’’ a fait un bond, ces dernières années, dans le pays (NDLR, Israël). A la plage, cela se traduit par des vêtements proches de ceux portés par les musulmanes très pratiquantes. Mais on ne les voit pas puisque les juifs religieux se baignent dans des espaces séparés, préservés des regards extérieurs. »
C’est par ce chapeau que débute un article de Libération du 29 août sur la question des baignades et de la pudeur en Israël. Ce papier signé Nissim Behar semble dresser une analogie plutôt maladroite entre le port du burkini dans le contexte français actuel et la pudeur telle qu’elle est vécue par l’ultra-orthodoxie juive. Un pas allègrement franchi qui n’exclut pas l’ignorance, puisque, évoquant les jeunes femmes célibataires, l’article explique que leurs cheveux sont découverts
« puisqu’il faut bien trouver un futur mari… » (sic)
Or, si la religion juive demande aux femmes de se couvrir les cheveux, il est faux de dire que les célibataires ont leur cheveux découverts pour pouvoir se marier.
C’est ensuite la pudeur en Israël tout court qui est l’objet des réflexions de l’article. Et, chose étonnante, sans doute pour montrer que les journalistes de Libération ne font pas nécessairement assaut de pudeur, Nissim Behar donne dans le sexisme. Voici comment sont décrites les vêtements portés par une chanteuse qui a fait scandale chez les populations traditionnalistes à Ashdod :
« vêtue d’un short ultracourt et d’un soutien-gorge cachant péniblement son opulente poitrine. » (re-sic)
En d’autres termes,
l’antithèse de la pudeur dans Libération, c’est le sexisme !
Business
Sexisme et poncifs ont sans doute une origine commune
puisque France info: se fend d’un sujet sur les bénéfices réalisés par une
entreprise israélienne en vendant des burkinis ou des maillots de bain
apparentés, même s’il est précisé que le vêtement produit séduit « les
juifs, les chrétiens et les musulmans ». Il y a bien sûr des éléments
positifs, « un trait d’union entre sa croyance religieuse et sa liberté de
mouvement », mais au lieu d’aller vers la créatrice du burkini, une
australienne d’origine libanaise, c’est une entreprise israélienne qui est mise
au centre. L’article se conclut même par :
« L’entreprise vend 3000 vêtements par ans. L’affaire a vraiment pris il y a quatre ou cinq ans en Israël. Et depuis la polémique du burkini en France, elle découvre la publicité gratuite. »
L’effet d’analyse est désastreux : des entreprises israéliennes peuvent être vues comme profitant de la montée du salafisme en France, et l’orthodoxie juive marcherait main dans la main avec ces même salafistes ! Alors que le burkni est rejeté parce qu’il est perçu comme ayant des points de contacts avec l’islamisme, cette volonté d’y lier Israël et le judaïsme a quelque chose de déroutant.