Au milieu de l'été, alors que la planète était troublée et tourmentée par l'horreur de la violence et du terrorisme, l'éminent écrivain et penseur juif, Elie Wiesel s'est éteint dans sa demeure de Manhattan, un endroit privilégié de dialogue constructif et de communication féconde entre des personnalités de toutes confessions et doctrines, réunies pour explorer les voies pour aller vers un monde pacifié et réconcilié, dépassant les haines, les préjugés et les conflits. Avec lui disparaît l'un des grands témoins de la terrible catastrophe qui s'est abattue sur le peuple juif et sur l'humanité dans les années 40.
L'Institut Universitaire d'Etudes Juives de Paris qui porte, depuis sa fondation, le nom du grand intellectuel et combattant pour les Droits de l'Homme consacrera l'année académique 2016-2017, au-delà de son programme interdisciplinaire très varié et riche, à l'étude et à la compréhension de la vie et de l'œuvre d'Elie Wiesel. De nombreux cycles d'enseignement et conférences constitueront l'armature de l'Année Elie Wiesel.
Ainsi l'historienne de la littérature Annie Dayan Rosenman abordera l'œuvre d'Elie Wiesel, en suivant un itinéraire d'écriture qui conduit le grand auteur et penseur du témoignage dramatique et véhément sur le temps douloureux de la nuit et du brouillard au travail de restauration créatrice d'une identité juive profondément blessée.
Sandrine Szwarc, historienne des religions, consacrera une leçon au moment où se précise la nouvelle pensée d'un jeune auteur nommé Elie Wiesel : c'est l'élaboration d'un discours humaniste novateur qui trouve ses origines dans une réunion d'intellectuels juifs de langue française en 1957.
L'historienne de la culture européenne de l'après-guerre, Fabienne Regard proposera un hommage au grand témoin et à partir de sa vie et de son œuvre un cycle consacré à la culture, la littérature, le théâtre et la diplomatie de la mémoire après la Shoah : l'engagement existentiel dans le monde contemporain pour une culture universaliste et face au défi de la haine et de la violence.
Dans un tout autre domaine, un cycle sur la réjouissance et la mélancolie traitera de la lecture wieselienne du hassidisme : foi en l'humanité, foi en l'avenir, foi en la providence, résistance au désespoir et à l'angoisse, bref une authentique psychothérapie, une voie vers la restauration des âmes brisées (Franklin Rausky, "Réjouissance et mélancolie : autour d'une idée d'Elie Wiesel").
Année Elie Wiesel : rappeler les idées fécondes d'un grand témoin de notre temps.
Guila Clara Kessous qui fut une étudiante en doctorat à l'Université de Boston sous la direction d'Elie Wiesel se propose d'aborder, dans une soirée consacrée à son souvenir, une dimension double de cette biographie riche et complexe : Elie Wiesel ne fut pas seulement le grand avocat des causes humanitaires et de la mémoire. Il fut aussi un merveilleux conteur et chroniqueur, décrivant la vie de la planète judaïque disparue de l'Europe de l'Est. Il fut aussi un pédagogue attentif plein d'empathie et de compréhension pour ses nombreux étudiants.
Dans la grande aventure du retour au passé millénaire du peuple d'Israël, Wiesel a parcouru, en observateur passionné et émerveillé, les grands moments d'une histoire héroïque et bouleversante. Il réunit ses méditations et ses chroniques dans la Célébration Biblique, titre du premier des quatre volumes de la célèbre série wieselienne des Célébrations. (Leçon par Franklin Rausky : "D'Abraham à Job : les personnages bibliques célébrés par Elie Wiesel".
Vaste projet certes mais digne de la valeur d'une personnalité qui n'a jamais renoncé à son inquiétude et à ses interrogations mais qui est arrivé, par un effort remarquable de volonté et de conscience, à vivre, écrire, enseigner et témoigner sans sombrer jamais dans l'abattement et les regrets.
Franklin Rausky : Une pensée vivante pour le nouveau siècle
Par Franklin Rausky Le 12/09/2016 à 15h00 Rubrique France/Politique

La perspective de la semaine par Par Franklin Rausky, Universitaire.
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