Il y a cinquante-quatre ans, l’Algérie déclarait son Indépendance de la France, poussant notamment sa communauté juive, frappée par l’hostilité ambiante, à trouver une nouvelle terre d’accueil. Si les vivants ont naturellement fait route vers la France dans leur grande majorité, qu’en est-il des disparus ? Les accords d’Evian (1962) stipulaient que l’entretien des cimetières européens, à savoir ceux des juifs et des chrétiens, était à la charge d’Alger. Force est de constater que très peu a été fait en ce sens.
De plus, les catastrophes naturelles, l’épreuve du temps et l’absence d’une communauté juive sur place ont entraîné une détérioration progressive des cimetières et carrés juifs. Si aucune tombe juive n’a officiellement été profanée, la quiétude des morts est troublée. En effet, l’Algérie connaît une forte poussée islamiste qui, dans certaines provinces, menace les sépultures juives. Certaines personnes sur place rapportent des actes de vandalisme. Cette insécurité des cimetières juifs en Algérie contraste avec les travaux de préservation des cimetières et autres lieux juifs d’Europe de l’Est ou du Maroc. Mais, force est de constater qu’en Algérie le tourisme juif est tellement inexistant que les municipalités savent que l’entretien des tombes n’entraînera pas de retombées économiques, et ne font donc pas d’effort particulier.
Toutefois, une solution existe. En effet, les gouvernements français et algérien ont négocié, et ce dès 2003, des regroupements de cimetières en Algérie. En 2009, le ministère des Affaires étrangères français a obtenu un arrêté du gouvernement algérien autorisant les regroupements des cimetières chrétiens. Cette même année, le Consistoire a formé une commission consistoriale dédiée aux cimetières juifs d’Algérie et présidée par M. Jack-Yves Bohbot. Celle-ci ayant pour mission de travailler inlassablement auprès des pouvoirs publics français et algériens pour sauvegarder lesdits cimetières.
Certaines personnes sur place rapportent des actes de vandalisme
Face aux risques de dégradations, le Consistoire a demandé en 2014 à Serge Benhaïm, le président de la Hevra Kadicha (Société du dernier devoir), de partir en reconnaissance pour établir un inventaire des cimetières juifs et constater l’état des tombes. Suite à cette mission et sous la surveillance du grand rabbin Michel Gugenheim et du grand rabbin Claude Maman, il a été décidé de ne déplacer que les tombes qui risquaient d’être détruites vers le grand cimetière juif de regroupement le plus proche.
De plus, afin de respecter scrupuleusement la halakha, il a aussi été tranché que les exhumations se feraient de manière manuelle et non mécanique, en présence d’un surveillant et que la remise en terre des ossements s’effectuerait dans un drap-linceul. Ne restait plus alors qu’à modifier l’arrêté de 2009 qui limitait les regroupements aux cimetières chrétiens.
C’est ce qui a été obtenu via l’arrêté ministériel en date du 26 mai 2016 indiquant qu’il est finalement décidé de procéder au regroupement des sépultures juives d’Algérie (sous la stricte supervision religieuse du Consistoire). Une liste d’une quarantaine de noms de grandes villes concernées a même été publiée au Journal Officiel le 9 juin dernier. Quant aux familles désireuses de rapatrier en France les ossements de leurs proches, elles ont un délai de quelques mois pour soit se mettre en relation avec le Consul général compétent, soit pour contacter le Consistoire Central.
Quel avenir pour les cimetières juifs?
Par Israël Itzhaky Le 07/09/2016 à 16h40 Rubrique Monde juif

Négocié entre les gouvernements français et algériens, le regroupement des sépultures « européennes » en Algérie (chrétiennes et juives) est un sujet épineux. Les exhumations et déplacement des ossements sont prévus pour 2017, mais le Consistoire travaille de longue date pour que tout se passe selon la halakha.
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