« Les chambres à gaz, c’est un endroit où on aurait mis les gens pour les tuer, notamment, dit-on, avec du zyklon. Le zyklon est un insecticide. Il a été créé après la guerre de 14, il existe encore aujourd’hui. Donc on peut dire qu’au bagne d’Auschwitz, on a gazé des poux ». Cette déclaration, énoncée avec le sérieux et la conviction du parfait historien, est signée Robert Faurisson, l’un des militants les plus connus et les plus acharnés de la négation de la Shoah. Et quand certains s’interrogent encore sur l’injustice que subit ce pauvre Dieudonné, rappelons simplement qu’il a en personne fait acclamer Faurisson en 2008 par le public du Zénith de Paris. Les mots viennent alors à nous manquer.
Ce documentaire réalisé par Michael Prazan revient sur cette construction du négationnisme de la Shoah et sur son évolution contemporaine particulièrement ciblée sur Israël. Le fameux mélange nauséabond entre l’histoire et la politique.
Premier constat, après la guerre, une chape de plomb s’est abattue sur la parole des survivants. L’historienne Annette Wieviorka témoigne. « On n’a pas eu envie de les entendre. Dans le fait de ne pas raconter, il y a eu aussi la peur de ne pas être cru. » Un silence qui profite aux antisémites de tous bords, de Maurice Bardèche à Paul Rassinier, un ancien député socialiste, déporté à Buchenwald. Puis, la parole se libérant, notamment lors du procès d’Eichmann en 1961, la stratégie des négationnistes évolue. Ce sont les aspects techniques de la Shoah qui sont alors contestés. La géopolitique prend également une place plus importante avec le conflit au Moyen-Orient. Israël est accusé de manipulation, d’invention même de l’extermination des juifs. Un refrain repris en chœur par ses opposants, à l’image de Mahmoud Ahmadinejad… Un refrain toujours fredonné de nos jours.
Sur France 5 :« Les Faussaires de l’histoire », dimanche 5 février 2017, 22h35.