Actualité Juive : Force est de constater que l’actrice qui a marqué l’année 1997 par son rôle de bimbo est toujours aussi séduisante, la vérité ! Parlons de la parution de cette autobiographie…
Aure Atika : Je revendique le terme de roman, d’objet littéraire. Il y a des faits autobiographiques mais je les raconte à ma manière.
A.J.: Vous décrivez votre mère comme une « baba-cool », pur produit des années 1970, marquées par la drogue…
A.A.: Beaucoup ont eu besoin de chercher autre chose et c’est en effet souvent passé par les drogues. Mais j’ai voulu raconter l’amour que ma mère m’a donné et le rapport fusionnel que l’on a eu. C’est un livre sur l’absence et l’attente…
A.J. : On voit ce rapport évoluer au cours du temps : à l’adolescence, vous ne supportez plus ni ses intonations, ni son odeur, ni la couleur de sa peau…
A.A. : Pour écrire ce livre, j’ai fait un travail d’actrice en me mettant à hauteur du personnage, enfant, adolescente puis jeune femme. L’écriture évolue au fil des chapitres. A 4-5 ans, on ne voit pas les choses et on ne s’exprime pas de la même façon qu’à l’adolescence où le regard est plus acide. J’en fais les frais en ce moment avec ma fille !
A.J.:Vous expliquez avoir eu conscience que toute tentative se retournerait contre elle. C’est ce qui s’est passé quand, à la lecture de feuillets d’ébauche, on vous a dit : « C’était une junkie alors »…
A.A. : Je voulais être juste et en même temps, je ne voulais pas que le livre se résume à cela. Peut-être y ai-je consacré trop de chapitres forts…
A.J. : Quelques lignes sont consacrées à votre père, revu notamment à la naissance de votre fille. Il en avait, racontez-vous, une bonne sur les juifs…
A.A. : J’ai un peu exagéré… Je l’ai beaucoup apprécié les premières fois que je l’ai vu. Par la suite, je l’ai moins compris…
A.J.: Votre mère, Odette (Ode) Atika Bitton est issue d'une famille juive d’origine marocaine…
A.A. : La famille vivait à Casablanca et ma mère a été la première à venir en France, après avoir obtenu une bourse pour ses études d’infirmière.
A.J.: Certaines pages parleront à nos lecteurs !
A.A. : Sur ma grand-mère ? Tous les séfarades ont connu ça. Ses boulettes étaient inimitables mais avec une telle couche d’huile ! Elle disait « Je ne mets rien » alors qu’on voyait la bouteille se vider ! Quand je les entendais parler, je leur disais : « Mais pourquoi vous vous engueulez ? » Et elle me répondait : « On ne s’engueule pas, on discute ! »
A.J.: Quel souvenir gardez-vous de « Sof Ha’Olam Smola » (Au bout du monde à gauche, 2004) tourné en Israël ?
A.A. : Je suis arrivée avec ma fille qui a fait ses premiers pas là-bas. C’était au moment où Saddam Hussein avait ordonné l’envoi d’armes chimiques sur Tel-Aviv. Le directeur de l’hôtel m’a donné deux masques à gaz et m’a montré la pièce blindée. On allait aux tournages et au restaurant avec nos masques. Reste que le tournage a été intense et joyeux. Le film a eu un grand succès en Israël.
A.J.: A Casablanca, Ode avait attendu sa mère à la sortie de la synagogue, un sandwich au jambon à la main…
A.A. : Je ne sais pas si c’est vrai ou si c’est une légende familiale… Je date sa sa rébellion de cette époque. Mais à la fin de sa vie, elle est beaucoup revenue vers la religion.
A.J. : Pourquoi avoir écrit ce livre aujourd’hui ?
A.A. : J’ai écrit ce livre car j’ai eu besoin de me redéfinir. Je l’ai aussi sûrement fait pour ma fille. C’est également un moment où je me suis sentie m’embourgeoiser. J’ai eu besoin de revendiquer d’où je venais et de dire que ce n’est pas plus mal qu’autre chose…
A.J.: Quelle est votre prochaine actualité cinématographique ?
A.A. : « L’un dans l’autre », une comédie de Bruno Chiche sortira en septembre et je viens de faire une participation dans une comédie franco-algérienne, « En attendant les hirondelles » que j’ai tournée à Alger. L
Aure Atika, « Mon ciel et ma terre » Fayard, 208 pages, 18euros
Aure Atika : « J’ai eu besoin de revendiquer d’où je venais »
Par Carol Binder Le 13/03/2017 à 18h00 Rubrique Culture/Télé

La célèbre actrice de « La Vérité si je mens » publie un premier roman chez Fayard, tout personnel, intitulé « Mon ciel et ma terre ». Celui-ci célèbre l’amour qu’elle et sa mère se sont porté. Un portrait intime.
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