Natif de Lodz en Pologne en 1924, le jeune Léon s’installe avec sa famille à Nancy comme de nombreux Juifs polonais. Ils se replient à Limoges en 1940 où Léon Zyzek entame des études de médecine. Il échappe de peu à une rafle devant sa chance à un milicien attendri sans doute par son jeune âge. Il choisit alors de rejoindre le maquis pour « se rendre utile ». Il effectue des missions de courrier, de renseignement, de sabotage sans jamais se servir de son arme et devient infirmier. De cette époque d’engagement patriotique, il a toujours rechigné à en tirer une quelconque gloire. A la libération, il reprend ses études de médecine et devient un gynécologue-obstétricien réputé à Nancy. Il lutte farouchement pour les droits des femmes, pour le droit à l’avortement comme membre actif du Planning Familial. Tout au long de sa vie, il accompagne des femmes qui souffrent d’avortement clandestin se faisant de nombreux ennemis à la Sécurité Sociale, au Conseil de l’Ordre ou avec l’association « Laissez les vivre » très active à Nancy. Il en sort toujours vainqueur tant sa foi humaniste est inébranlable.
Passionné de peinture, Léon Zyzek devient peintre sur le tard afin « d’exprimer ce qu’il imagine et ne parvient pas à dire ». Sa peinture tout en couleur et en contraste évoque les mystères de l’homme et surtout de la femme, notamment la maternité qui reste pour lui le plus grand mystère de la vie. Il choisit avec son épouse Raymonde, complice de tous les instants et de tous les combats, de s’installer à Lyon en 1987. Loin d’abandonner le combat, il rejoint le Bnai Brit et participe activement à de nombreux projets culturels et philanthropiques avec pour seule ambition de mettre l’homme et les valeurs humaines au centre de la vie.
Il s’intéresse de près à la présence juive dans la cité et participe à des expositions sur cette thématique. Toujours souriant, toujours facétieux, toujours ouvert sur les autres, sûr de ses combats et de ses idées, il n’hésite pas à se promener dans la rue avec un panneau « Aimer-vous les uns les autres » et « Tu aimeras ton prochain comme toi même » afin de susciter dialogue et compréhension entre les hommes, les religions, les identités. Père de deux enfants, dont le rav de la yeshiva des étudiants de Paris Gérard Zyzek, grand-père 13 fois et 20 fois arrière-grand-père, Léon laisse pour les siens et pour l’ensemble des gens qui l’ont côtoyé l’image d’un homme simple, souriant, drôle, fier de ses racines juives, curieux, ouvert sur le monde et toujours en recherche d’une meilleure humanité ; un humaniste au cœur tendre qui n’a jamais abandonné le combat même contre la maladie qui a fini par le vaincre à plus de 93 ans.