Une
foule d’ouvrages paraissent chaque semaine ou presque sur l’islamisme. En quoi
votre nouveau livre se distingue-t-il des autres ?
Le nombre d’ouvrages qui
sortent sur le sujet est important, en effet. C’est normal : le thème est
d’importance ! Je n’ai pas la prétention de faire de la théorie. Je ne
suis pas islamologue. Je suis journaliste. Ce que je décris, c’est ce que je
constate du terrain. Un terrain que je n’ai jamais quitté depuis mes premières
enquêtes sur Lunel, cette petite ville de l’Hérault, d’où sont partis une
vingtaine de jeunes pour le djihad en Syrie et Irak. Tenez, une des premières
enquêtes que j’ai écrites sur Lunel fut pour Actualité juive, sous le pseudonyme – je peux le dire
maintenant ! – de Michel Cohn… Si j’ai une prétention, c’est celle du
reporter : je prends ma voiture et je vais voir sur place. C’est ce que j’avais
fait, l’année dernière, pour La France
Djihadiste (RING), c’est ce que j’ai fait pour Partition (L’Artilleur). C’est peut-être ça la différence.
Pourquoi
avoir intitulé votre livre Partition
?
Mon livre est une réponse, par
les faits, à la phrase de François Hollande, rapportée dans Un président ne devrait pas dire ça (Stock).
Un chef d’Etat – qui plus est, socialiste – disait au sujet des quartiers
“difficiles“ : « Comment peut-on éviter la partition? Car c'est quand même
ça qui est en train de se produire: la partition. » Un sacré aveu !
Dans les faits, il avait – malheureusement –raison. Des territoires entiers
sont comme arrachés au corpus légal républicain. La charia y est appliquée en
tout ou partie. Les coutumes, les mœurs, la façon de se vêtir ont changé. Les
non-musulmans s’y font discrets. C’est comme si deux pays coexistaient, sans
jamais cohabiter, en plusieurs enclaves.
On
parle de « territoires perdus ». Par quel moyen pourrait-on récupérer ces
enclaves ?
L’expression est intéressante,
c’est vrai. Mais pourquoi ne pas parler de territoire “conquis“ ? Après
tout, quand l’Etat régalien a disparu de pans entiers du sol français, il ne
s’agit plus de perte, mais bien de conquête ! Elle se fait sans
difficulté, puisque, dans ces zones, la France a disparu. Je ne sais pas – et
personne ne le sait – si on finira par récupérer ces quartiers, villes,
etc. Je ne suis pas devin. Mais, dans
l’avant-propos de Partition, je
m’essaie à une comparaison. En 1939, le socialiste Marcel Déat (qui finit
d’ailleurs collabo sous Vichy…), s’était interrogé dans une célèbre
tribune : « Faut-il mourir pour Dantzig ? » Aujourd’hui, en
2017, je ne pense pas qu’on ira mourir pour La Courneuve…
Vous
dénoncez l’attitude des “bobos“. Sont-ils aussi complices de la montée de
l’islamisme en France ?
Ces bobos sont acteurs de cette
partition. J’affirme que la partition n’existe pas seulement qu’entre les
territoires sécessionnistes et ceux épargnés par l’islamisation. Elle se joue
aussi dans les esprits. Entre le bobo donneur de leçons, qui ne connaît des
banlieues que ce qu’il voit depuis la fenêtre du taxi qui l’amène à Roissy
quand il part en vacances, et le pauvre Français – quelle que soit d’ailleurs
son origine – qui vit au jour le jour la réalité cette partition. Ce décalage
entre l’entre-soi petit-bourgeois, “islamolâtre“ et aveugle aux réalités, et la
souffrance hélas encore trop ignorée, ou sinon méprisée, de ce peuple des
banlieues qui n’a souvent plus que ses yeux pour pleurer ou son bulletin de
vote pour exprimer sa détresse, est inquiétant.
Vous écrivez à Valeurs actuelles, vous êtes aussi consultant pour Russia Today sur les questions d’immigration et de terrorisme… Vous n’avez pas peur de traîner une réputation de « facho » ?
Je me fiche pas mal des étiquettes qu’on peut me
donner. Je fais un travail rigoureux à Valeurs
actuelles, que personne n’a jamais remis en cause. Pas même les islamistes,
pour le moins allergiques à cet hebdomadaire ! Quant à Russia Today, j’y
interviens à leur invitation. Et je garde ma liberté de ton et d’esprit. On ne
m’a jamais demandé de glisser des messages subliminaux d’amour pour Poutine, je
vous le garantis ! Mais voilà, en Europe occidentale, en particulier en
France, dès que vous vous intéressez à l’islam de près (et pas toujours pour en
dire du bien), vous êtes vu comme un facho, un odieux raciste ou un
islamophobe. Tant qu’on ne me conteste pas le sérieux et la rigueur de mes
enquêtes, je m’en porte très bien. C’est d’ailleurs assez drôle… Un message
d’insultes sur deux que je reçois sur internet est pour me traiter de facho.
L’autre est pour me traiter de « sale youpin ». Si mon travail agace,
c’est sans doute qu’il n’est pas si mauvais.