Israël a-t-il frappé la Syrie cette nuit ? Le régime de Bachar El Assad et (surtout) Moscou ont accusé lundi 9 avril l’Etat hébreu d’avoir attaqué l’aéroport militaire T-4, une base militaire située dans le centre de la Syrie. Dans un premier temps, l’hypothèse d’une frappe américaine voire française a été évoquée, deux pistes rapidement écartées par des voies officielles ou des sources bien informées côté français. Ce matin, c’est donc vers Jérusalem que tous les regards sont tournés. « Deux avions F-15 de l'armée israélienne ont frappé l'aérodrome entre 03H25 et 03H53 heure de Moscou à l'aide de huit missiles téléguidés depuis le territoire libanais, sans pénétrer dans l'espace aérien syrien », a indiqué le ministère russe de la Défense, cité par les agences russes. En février, cette base avait été visée par l'armée israélienne après qu'un drone iranien, envoyé depuis la Syrie ait pénétré le territoire israélien, provoquant le plus grave incidententre Israéliens et Iraniens depuis plusieurs années.
Les frappes auraient été menées depuis le territoire libanais. Cinq des huit missiles auraient été interceptés par la défense aérienne antimissile russe, selon les autorités russes.
Retour à la politique du no comment?
Pour l’heure, Israël se refuse à tout commentaire. Un retour possible à la politique du silence, effectif entre 2012 et 2017 au sujet des opérations israéliennes menées notamment contre des cibles du Hezbollah en Syrie. Le bilan de l’attaque de la dernière nuit pourrait expliquer ce retour à une no comment policy : selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, au moins 14 combattants auraient été tués la nuit dernière, dont plusieurs Iraniens. Les risques d’une riposte menée par des forces iraniennes localisées sur place ou leurs alliés sont conséquemment très élevés.
Cette opération intervient quarante-huit heures après l'attaque chimique, menée par le régime samedi, contre la ville rebelle de Douma, dans la banlieue de Damas, qui a causé plusieurs dizaines de morts et suscité la réprobation de la communauté internationale. Lors d'une conversation téléphonique dimanche, les présidents Donald Trump et Emmanuel Macron ont convenu d'une prochaine "réponse commune" à ces bombardements.
Considérant l'usage d'armes chimiques comme une menace sérieuse à sa sécurité, les autorités israéliennes auraient pu chercher, par l'attaque d'hier, a rappelé à Damas, comme à ses patrons iranien et russe, que le franchissement de cette autre ligne rouge ne resterait pas impuni, alors que certaines voix en Israël appellent le gouvernement à agir en Syrie. Une "obligation morale" selon le grand rabbin d'Israël sépharade Yitshak Yossef.