Après avoir refusé de donner le guet (divorce religieux) à son épouse pendant plus de dix-huit mois, un mari s’est dit prêt à obtempérer à une condition inédite. Il veut, en effet, qu’un embryon congelé dont il est le « père » lui soit transmis en toute propriété.
Pour comprendre cette histoire, il faut remonter dans le temps. Avant de se marier, le futur époux avait eu un cancer et avait dû être traité par chimiothérapie. De peur que ce traitement n’ait pour conséquence secondaire de le rendre infertile, il avait, dans un premier temps, fait congeler son sperme pour être sûr de pouvoir avoir des enfants.
Après son mariage, son épouse avait suivi une procédure au terme de laquelle plusieurs embryons avaient été créés et réimplantés. Et c’est ainsi qu’un enfant était né. A noter qu’après cette procédure, il restait encore un embryon congelé.
Malheureusement, en 2018, le couple décidait de divorcer. Le mari était conscient qu’il ne pourrait plus jamais être père. De ce fait, celui-ci demandait à sa femme de porter à nouveau l’embryon restant… ou bien de lui en donner la propriété afin qu’il puisse, éventuellement, avoir un autre enfant avec une mère porteuse. Ce en échange du guet (divorce religieux).
En la matière, les juges rabbiniques du beit-din de Petah Tikva avaient tranché: l’embryon n’appartenait à aucun des deux parents et la demande faite que l’épouse porte un éventuel bébé n’était pas raisonnable. Les choses auraient pu en rester là… et le mari en revenir à la raison.
Mais, selon le « Centre for Women’s Justice » (CWJ), par la suite, lors d’une audition consacré à ce cas, les dayanim auraient encouragé l’épouse à accepter la demande de son conjoint. Ce, afin d’éviter qu’elle ne devienne une agounah, à savoir une femme qui reste enchaînée à son ex-époux sans pouvoir refaire sa vie.
Ayant atteint la quarantaine et craignant, si elle restait liée à son mari, de ne pas pouvoir fonder une nouvelle famille, la femme a accepté en novembre dernier cette transmission d’embryon. Résultat: le divorce devrait être prononcé sous peu.
Si, avantage évident, celui ci libère bel et bien la femme, cet accord qui fait la part belle au « maître chanteur », n’est pas du goût du CWJ. Qui a déclaré: « Dans sa propre décision elle-même, le tribunal rabbinique a reconnu qu’aucune des deux parties n’avait la propriété légale de l’embryon. Cependant, malgré cela, le beit-din a quand même fait des pressions sur la femme pour qu’elle si-gne un accord contraire à ses droits et contre son propre intérêt afin de satisfaire aux demandes exorbitantes du mari pour donner le guet ».