Herat, la troisième ville d’Afghanistan, est située dans une vallée à l’ouest du pays. Bien que beaucoup l’ignorent au-jourd’hui, la cité possède un riche passé juif. Voici, en effet, 2700 ans, des juifs s’installèrent sur place après avoir été exilés d’Erets Israël par les conquérants assyriens, juifs dont la présence est aussi mentionnée, un peu plus tard, lors du rè-gne du roi « Cyrus le Grand » ( Vème siècle avant l’ère commune).
Au VIIème siècle de notre ère, un historien tadjik raconte qu’un chef local avait recruté des juifs de la région pour en faire ses conseillers. Et, en 1736, le roi perse, Nadir Afshar, encourageait leurs coreligionnaires à s’installer dans cette même région d’Herat parce qu’ils possédaient des liens le long des routes commerciales traversant l’Asie centrale et l’Arabie.
Bien qu’aucun document ne puisse le prouver, on pense qu’au milieu du XIXème siècle, le nombre des juifs vivant dans cette partie occidentale de l’Afghanistan avoisinait les 40.000 (ils y avaient fui des persécutions). Un chiffre qui devait graduellement diminuer jusqu’à la disparition totale de la communauté suite à la création de l’Etat d’Israël, l’invasion soviétique de 1979 et, pour les derniers encore présents, la guerre civile des années 90.
Avec un tel passé, il n’est pas étonnant que Herat, la capitale régionale, ait compté six synagogues. Mais, comme l’a raconté au site Al Jazeera Wahid Soltani, le responsable du tourisme local, « des années de guerre ont détruit le quartier (où elles se trouvaient, ndlr)…Et une fois les juifs partis, il n’y avait plus personne pour s’occuper de leurs synagogues ». Résultat: les six lieux de culte sont tombés en ruine.
Après l’arrivée des Américains sur place en 2001, le gouvernement afghan a décidé de restaurer certaines des structures historiques endommagées dont quatre desdites synagogues. Aujourd’hui déjà, l’une d’entre elles dénommé « Yu Aw » est déjà totalement remise en état. On y accède en tra-versant une vaste cour. Alors que le bâtiment a l’air assez austère vu de l’extérieur, à l’intérieur dôme et plafonds sont décorés de fresques sophistiquées.
« Les fresques du dôme ont été préservées, explique Ghulam Sakhi, le gardien de plusieurs sites historiques…. Ce que vous voyez, la peinture, les couleurs sont toutes originales et n’ont pas été touchées. Seule la structure a été renforcée. Environ, dix artistes et architectes afghans y ont travaillé pendant plus d’un an », ajoute-t-il. Notons, au passage, que, sur place, un bain rituel a aussi été restauré.
Bien entendu, comme un peu partout dans ce genre de lieux, on espère le retour de touristes juifs ayant (ou non) leurs racines à Herat ou dans sa région. Quelques uns (rares, certes) ont déjà fait le voyage comme Soleiman, un juif canadien natif de la ville. « Vous pouvez quitter l’endroit où vous êtes nés mais cet endroit ne vous quitte jamais », a-t-il simplement dit à Al-Jazeera.