La tribune de l'AIPAC était plus clairsemée qu'à l'ordinaire, pas seulement à cause de la psychose du coronavirus. Les grands absents étaient d'abord les politiques israéliens, excusés pour cause d'élections législatives. Dans un message vidéo aux congressistes, Benyamin Netanyahou a critiqué, sans le nommer, l'autre absent de la conférence - polémique celui-là – le sénateur démocrate Bernie Sanders. "L'AIPAC a été accusé de donner droit de cité au fanatisme. Ce sont des accusations scandaleuses", a affirmé le Premier ministre israélien, assurant que ceux qui veulent affaiblir l'alliance entre Israël et les Etats-Unis couraient à l'échec.
Bernie Sanders avait annoncé le mois dernier qu'il ne participerait pas à la conférence annuelle du lobby pro-israélien, qu'il avait accusé entre autres de ne pas faire droit aux revendications palestiniennes, de donner la parole à des "fanatiques", ajoutant qu'Israël était gouverné par un "raciste réactionnaire".
Danny Danon, l'ambassadeur d'Israël à l'Onu est monté au créneau pour dénoncer les propos du sénateur du Vermont : "Nous ne voulons pas de Sanders à l'AIPAC. Nous n'en voulons pas en Israël. Quiconque traite notre Premier ministre de raciste, est soit un menteur, soit un imbécile ignorant, soit les deux à la fois".
Mais la conférence annuelle du lobby est d'abord le baromètre de l'alliance américano-israélienne, censée dépasser le clivage républicain-démocrate et réunir toutes les tendances politiques. En pleine campagne pour l'investiture démocrate, deux candidats sont d'ailleurs venus rappeler que leur parti restait attaché à Israël. Mike Bloomberg a fait le déplacement de Washington pour tenter d'apaiser les esprits. L'autre candidat juif à l'investiture démocrate a critiqué son rival : "Sanders a fait une grave erreur en boycottant la conférence de l'AIPAC" a affirmé l'ancien maire de New York, promettant qu'il continuerait à aider Israël, quel que soit son Premier ministre. Joe Biden, dans un message vidéo, a quant à lui mis en garde contre une annexion des localités de Judée-Samarie. L'ancien vice-président démocrate de Barack Obama a estimé que cela "pourrait étouffer toute chance de paix".
C'est le vice-président américain Mike Pence qui a représenté cette année la Maison Blanche, lui aussi via vidéo. Le numéro deux de l'administration républicaine a mis en garde contre l'élection du démocrate Bernie Sanders, qui serait "le président américain le plus anti-Israël de toute l'histoire des Etats-Unis", plaidant au passage pour la réélection de "Donald Trump, le président le plus pro-israélien de l'histoire américaine". Mike Pence a rappelé que depuis son investiture, le chef de la Maison Blanche avait transféré l'ambassade américaine à Jérusalem, reconnu la souveraineté israélienne sur le Golan et proposé un plan de paix.